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DÉVELOPPEMENT DURABLE
«Trop de directives»
Un rapport de durabilité
peut être judicieux pour
les petites entreprises aussi, explique Gabriela Nagel.
La professeure à la ZHAW School of Management
and Law nous explique pour- quoi les directives en la matière sont devenues trop nombreuses de nos jours.
Dominik Buholzer
La pression subie par les entre- prises pour établir un rapport de durabilité augmente. Pourquoi une petite entreprise devrait-elle dresser son bilan climatique?
Il existe trois principales raisons à cela: tout d’abord pour répondre aux at- tentes des partenaires économiques, ensuite, en raison de la dynamique
des dispositions réglementaires et enfin dans un souci de positionne- ment sur le marché. Les futurs bail- leurs de fonds pourraient tenir compte de la question de la durabilité dans leur évaluation de la solvabilité. De plus, cela permet aux entreprises de se démarquer de la concurrence.
La charge de travail requise n’est-
elle pas disproportionnée par
rapport au bénéfice procuré?
Un rapport de durabilité peut faire toute la différence. Si les entreprises
ne reçoivent plus de commandes
parce que les clients tiennent à cette documentation ou que les conditions des bailleurs de fonds ou assureurs
se durcissent sensiblement, alors un rapport de durabilité constitue un avantage de taille. Mais bien sûr, la charge administrative doit rester raison- nable. Contraindre les PME à respec- ter une norme internationale complexe serait en effet disproportionné.
Il existe une infinité de directives
et labels de durabilité. Ne serait-il
pas temps de faire du tri? Actuellement, nous sommes en train
de prendre nos marques en matière de durabilité. À long terme, maintenir une multitude de normes nationales et inter- nationales parallèlement n’aurait aucun sens. Il serait judicieux de définir une ou deux normes internationales établies, accompagnées de solutions nationales. En Suisse, nous y sommes très bien par- venus concernant la présentation des comptes: les entreprises peuvent utiliser le cadre réglementaire d’envergure des IFRS (International Financial Reporting Standards). Avec les Swiss GAAP RPC (les recommandations techniques de présentation des comptes), elles dispo- sent également d’une solution nationale accessible et facile à mettre en œuvre. Je pense que nous pourrions trouver
un compromis similaire pour l’établis- sement des rapports de durabilité.
Un rapport de durabilité peut faire toute la différence.
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Gabriela Nagel
Professeure en Financial Management, ZHAW School of Management and Law